LES VINS PREFERES DE NOS PRESIDENTS DE LA 5e REPUBLIQUE
Posté par      14/11/2021    Commentaires 0
LES VINS PREFERES DE NOS PRESIDENTS DE LA 5e REPUBLIQUE

Quand il est question d’alcool et de vin, nos dirigeants sont contraints de faire preuve de satisfaction mais aussi de mesure et de diplomatie. En effet, quand on est Président d’un des plus grands pays producteurs au monde, on est inévitablement amené à évoquer ses goûts personnels pour les richesses de notre patrimoine viticole tout en considérant l’importance stratégique du secteur économique et les conséquences de sa politique de santé publique. Tout un programme….

En cette période de campagne électorale, il m’a semblé opportun de vous éclairer sur les préférences œnologiques de nos Présidents de la Ve République et de vous révéler par la même occasion quelques anecdotes croustillantes. J’espère que vous allez apprécier ce petit retour sur plus de 60 ans de présidence française.

Les préférences de Charles De Gaulle

Quand on évoque la Ve République, on pense forcément à Charles De Gaulle. Le Général n'était pas grand consommateur de vin. Cependant, en fervent défenseur des valeurs françaises, il était parfaitement conscient de la forte symbolique du vin dans notre pays. A la Boisserie, il aimait faire servir du Beaujolais à ses invités. Mais sa préférence se portait sur le Champagne et notamment sur celui de la Maison Drappier dont il pouvait admirer les vignes depuis ses fenêtres. En effet, la célèbre maison Drappier est située à Urville, dans l’Aube, à quelques kilomètres seulement de Colombey-les-Deux-Eglises. Son champagne aromatique et magnifiquement authentique ne fut jamais introduit à l’Elysée mais ça n’empêcha pas la célèbre maison de vouloir honorer son plus illustre représentant en lançant la cuvée De Gaulle en 1990 pour saluer le cinquantième anniversaire de l’Appel du 18 juin. Cette superbe cuvée est désormais proposée millésime après millésime et fait le bonheur des connaisseurs en conservant son authenticité. Pour l’anecdote, le Général prête également son patronyme à un accessoire absolument indispensable à tout caviste amateur ou professionnel : le tire-bouchon. En effet, le De Gaulle est aussi le surnom d’un tire-bouchon qui s’ouvre avec deux leviers faisant penser au célèbre Général levant les bras pendant ses discours.

Dîner VINAdemi

En fin gourmet, Georges Pompidou appréciait tout particulièrement les grands crus comme les Château Mouton Rothschild ou Château Lafite Rothschild (du nom de son ancien employeur à savoir la banque Rothschild) ou bien encore le Château Haut-Brion premier Grand Cru de Pessac Léognan. Pour la petite histoire, il se raconte que l’impulsion du président Pompidou fur déterminante lorsque que Mouton passa de deuxième à premier grand cru classé du Médoc le 21 juin 1973, ce qui constitue à ce jour la seule véritable modification du classement de 1855 ! Le président Pompidou appréciait aussi des vins plus modestes tels que les AOC Moulis Château Chasse-Spleen ou Château Poujeaux. Enfin, il avait une résidence dans le sud-ouest et aimait aussi s’y rendre et y déguster d’excellents vins rouges de Cahors.

Valéry Giscard d’Estaing fut certainement le plus connaisseur et le plus impliqué des présidents de la Ve République. Pour preuve, il était membre de la célèbre Confrérie du Tastevin de Bourgogne et était fin connaisseur des crus de la région. Mais il était également grand amateur de grands crus bordelais et notamment du Château Cheval Blanc, Premier Grand Cru Classé de Saint-Emilion. Enfin, en bon auvergnat, il savait aussi apprécier les douceurs locales comme le Saint-Pourçain ou le Côtes d’Auvergne. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’ancien président est le seul homme politique à pouvoir prétendre avoir une AOC à son nom : l’AOC d’Estaing dans l’Aveyron, sur la terre de ses ancêtres. Certes, avec ses 18 hectares s’étendant dans la vallée du Lot sur les communes d’Estaing, de Coubiscou et de Sébrazac, il s’agit de la plus petite AOC du vignoble français mais quand même… Valery Giscard d’Estaing y était tellement attaché qu’il décida de racheter le magnifique château d’Estaing en 2005. 

Cave à vin

Qu'en est-il de F. Mitterand, N. Sarkozy et F. Hollande ?

François Mitterrand est originaire d’une grande région viticole à savoir celle des pineaux et des cognacs. Malgré cette caractéristique, il buvait peu de vin et n’était pas grand spécialiste mais il était très exigeant sur la qualité. Il avait des goûts assez variés et appréciait les Bourgognes blancs tels que le Chablis, le Meursault ou encore le Puligny-Montrachet mais aussi les vins de Loire rouges et notamment le Sancerre de sa circonscription de Château-Chinon. Cependant, ses proches racontent qu’un vin avait tout de même sa préférence et il s’agit d’un Saint-Estèphe : le Château Haut-Marbuzet. François Mitterrand restera célèbre car c’est sous son second septennat que fut votée la fameuse loi Evin durcissant considérablement les règles de publicité sur l’alcool.

Même s’il avouait un petit faible pour le Brouilly primeur de novembre ou pour le Corton-Charlemagne, Jacques Chirac préférait la bière au vin car « elle désaltère mieux ». Il était peu connaisseur au point qu’il se faisait remettre par son sommelier des petites fiches sur les grands crus servis les soirs de dîners d'Etat. Il n’y a pas de mauvaise solution pour éviter d'être pris en défaut par ses hôtes étrangers lors des dîners officiels …

Avec Nicolas Sarkozy, c’est très clair et c’est zéro alcool. Pour lui, c’est une « question de goût ». A peine s’autorise-t-il une petite coupe de Champagne lors des réceptions à l’Elysée (pour la photo ?). En revanche, même s’il ne boit pas de vin, il mesure parfaitement l’importance de ce marché dans l’économie française et se révèle être un ardent ambassadeur lors de ses déplacements. Sous son mandat, la loi Evin fut assouplie en 2009 par la loi Bachelot autorisant notamment la publicité de vin sur Internet.

Blanc ou Rouge ? Bourgogne, Rhône ou Bordeaux ? François Hollande n’a pas réellement de préférence en matière de vin. La sommelière du palais de l’Elysée Virginie Routis disait tout simplement de lui : « il n’a pas d’exigence particulière et il aime tout ». 

Enfin, pour le plus jeune président de la Ve République, le vin tient une place importante. Emmanuel Macron a de bonnes connaissances en la matière et aime à les partager en société. Il se révèle même particulièrement loquace sur ce sujet. « Une table sans vin est triste, le vin égaye le repas et c'est ce qui révèle un plat. Les plus grands crus de la France viticole dont le Château Latour, Dom Pérignon qui appartient à Talleyrand en 1802 sont offerts à l'Élysée, prêts à savourer et décantés. Tant que je serai président, il n'y aura pas d'amendement pour durcir la loi Évin. ». Pour faire simple, il est plutôt Bourgogne pour les vins blancs et plutôt Bordeaux pour les vins rouges. En Bourgogne blanc, il a petit faible pour le Corton. En ce qui concerne le vignoble bordelais, le président retient des Bordeaux bien nés comme le Château Chasse-Spleen, le Château Duhart-Milon ou encore le Château Roc de Cambes. Enfin, il sait se montrer très enthousiaste pour un Bandol rouge voire un vin de Corse gorgé de soleil. Sa villégiature présidentielle au fort de Brégançon lui aurait-elle ouvert les portes de splendides petites caves du sud de la France ?

Comme vous avez pu le constater dans cet article, on ne peut pas dire que les présidents français soient sur la même ligne en matière de vin. Comme leurs convictions politiques, leurs goûts pour ce magnifique savoir-faire hexagonal peuvent être radicalement différents. Bien naturellement, ils ne manifestent pas tous le même intérêt pour le vin et la vigne. Certes, la place du vin dans le cœur des français a fortement évolué en 60 ans. Les Français ne consomment plus de la même manière et le volume a été divisé par 4 depuis les années 60 (160 litres de consommation individuelle annuelle en 1960 contre seulement 42 aujourd’hui). Le marché s’est mondialisé, la réglementation a remarquablement évolué et la préoccupation écologique est devenue majeure.

Qui sera le prochain en 2024 pour défendre les intérêts de la corporation ?

Marianne

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